Le poisson rêveur

La filiation d'un Requiem Allemand

Le dernier enregistrement de l'ensemble Vox Luminis qui sort aujourd'hui confirme la cohérence et la rigueur du travail que mène Lionel Meunier, en collaboration avec Jérôme Lejeune, créateur du label Ricercar, depuis plusieurs années. 

Il s'agit ici d'explorer, dans le répertoire baroque de l'Allemagne luthérienne, des pièces qui entrent en résonance avec l'oeuvre emblématique que constitue le Requiem Allemand composé par Johannes Brahms et achevé en 1868 (d'où le titre Ein Deutsches Barockrequiem). Ce qui pourrait apparaître comme un gageure, tant on serait amené à opposer l'esthétique du répertoire romantique à celle du baroque, s'avère être un choix subtilement judicieux. La filiation recherchée n'est pas tant dans la facture musicale que dans les textes évoqués.

Comme le souligne justement Jérôme Lejeune dans la notice de l'enregistrement, le terme même de requiem pour évoquer une messe pour les défunts fait référence à la liturgie catholique et non protestante. Alors qu'il était de confession protestante, et spécifiquement luthérienne, Brahms aurait volontairement utilisé le terme de requiem pour inscrire son oeuvre dans la suite des requiems célèbres, ces derniers étant finalement devenus plus des pièces produites en concerts que lors de cérémonies liturgiques.

Le travail réalisé par la direction artistique pour cet enregistrement, est d'avoir recherché des pièces sacrées de compositeurs de la plus belle période du baroque allemand dont les textes évoqués sont les mêmes versets que ceux intégrés par Brahms dans son requiem. Ce dernier avait exploré de nombreuses sources (les Evangiles, le Nouveau Testament, des Psaumes) pour sélectionner les textes faisant référence à la mort. Le programme proposé suit alors l'ordre des textes tel qu'il a été intégré dans le Requiem Allemand de Brahms.

Le point le plus notable dans les compositions sélectionnées est la sérénité et la lumière qui se dégagent des oeuvres enregistrées avec l'empreinte encore perceptible de la forme madrigalesque qui confirme l'influence italienne dans les compositions des maîtres du baroque luthérien allemand.

C'est particulièrement perceptible dès la toute première pièce de l'enregistrement, composée à cinq voix, Selig sind, die da Leid tragen, composée par Johann Hermann Schein, tirée de l'évangile de Matthieu, alors que la deuxième pièce proposée, du même compositeur Wie lieblich sind deine Wohnungen, apparaît déjà plus solennelle et sombre.

Les huit autres compositeurs proposés s'inscrivant tous dans la lignée esthétique d'Heinrich Schütz (cas particulièrement d'Andreas Hammerschmidt), l'enregistrement proposé, en plus de l'exercice remarquable de la symétrie des textes avec ceux choisis par Brahms, révèle sa cohérence et son homogénéité.

Parmi les pièces remarquables, en plus de celles de Schein évoquées précédemment, on notera le Ach, Herr, lehre doch mich de Wolfgang Carl Briegel, dont la forme esthétique semble préfigurer par moment le Membra Jesu Nostri de Dietrich Buxtehude, le Selig sind die Toten de Johann Philipp Förtsch avec le choeur des voix en introduction qui s'impose d'emblée pour laisser les solistes s'exprimer avec une élégance de la ligne polyphonique tout à fait remarquable.

Toutes les subtilités, à la fois du texte et de la ligne musicale sont, comme toujours pour l'ensemble Vox Luminis, transcrits avec justesse et élégance avec d'excellents solistes et un équilibre parfait entre l'ensemble vocal et l'accompagnement instrumental. La qualité de l'enregistrement, comme toujours, est à noter avec le minimum de réverbération et une belle sensation de spacialité, une projection très correcte des voix.

Un enregistrement remarquable de plus dans la discographie de cet ensemble.

Ein Deutsches Barockrequiem - Ensemble Vox Luminis - direction Lionel Meunier - Viola Blache, Victoria Cassano, Camille Hubert, Tessa Roos, Erika Tandiono, Zsuzsi Tóth & Caroline Weynants: sopranos, Alexander Chance & Jan Kullmann: contreténors, Olivier Berten, Philippe Froeliger, Raphael Höhn & Jacob Lawrence: ténors, Lionel Meunier & Sebastian Myrus: basses - Tuomo Suni & Johannes Frisch: violons, Antina Hugosson & Raquel Massadas: violes, Nicholas Milne & Andreas Linos: violes ténors, Sarah van Oudenhove: viole basse, James Munro: violone, Bart Jacobs: orgue - Label Ricercar - Outhere Music.

Les splendeurs musicales sous la cour des Gonzague

L'ensemble italien Biscantores, sous la direction de Luca Colombo nous propose, sous le label Arcana (Outhere Music) un enregistrement regroupant une sélection de pièces des compositeurs emblématiques de la période fastueuse du règne des ducs de Gonzague à Mantoue : bien entendu Claudio Monteverdi et Giaches de Wert, mais aussi Benedetto Pallavicino, Solomone Rossi, Giovanni Giacomo, Gastoldi, Amante Franzoni.

La sélection de Luca Colombo a vocation à nous faire découvrir les particularités des compositions de musique sacrée liées à la liturgie propre à la basilique palatine de Santa Barbara, emblématique de l'empreinte exercée par les Gonzague.

La liste proposée propose d'emblée le Selva morale e spirituale : Confitebor III alla francese, SV 267 de Claudio Monteverdi, lumineux, d'une simplicité apparente mais où le maître de Mantoue ne peut nous empêcher de penser à ses futures Vespro della Beata Vergine, notamment lors du passage solo de la soprano, avec ses mélismes caractéritiques.

S'enchaîne ensuite le Dum complerentur, composé par Benedetto Pallavicino, où l'on sent encore l'influence du chant polyphonique avec un tuilage des voix qui offre une texture assez dense à ces pièces.

Le plus troublant est le Adesto dolori meo de Giaches de Wert avec ses frottements harmoniques et ses dissonances qui rappellent étrangement les madrigaux de Gesualdo. Les deux autres pièces proposées du même compositeur sont également magnifiques (Omnis homo primum, Speremus meliora omnes) et se détachent nettement par leur singularité.

Parmi les autres pièces, on notera enfin Dixit Dominus VI toni d'Amante Franzoni avec le choeur de sopranos qui alternent dialogue et fusion avec les voix de ténors.

Enregistrement intéressant, visiblement nourri pas un travail visant à offrir une certaine cohérence esthétique et historique.

Splendeurs de la musique sacrée sous les Gonzague de Wert à Monteverdi - Ensemble vocal et instrumental Biscantores - direction musicale : Luca Colombo - label Arcana (Outhere Music). 

Lien vers le site d'Outhere Music pour écouter des extraits.

Vivaldi : entre ombre et lumière

"Entre ombre et lumière" : c'est le titre choisi par Michel Brun et son label pour qualifier le dernier enregistrement de l'Ensemble Baroque de Toulouse qu'il dirige et consacré à Antonio Vivaldi. Le célèbre (et maintes fois enregistré) Stabat Mater y côtoie le concerto pour traverso RV 428 "Il Gerdellino", la Sinfonia au Saint-Sépulcre RV169, ainsi que cinq arias d'opéra (extraits d'Il Giustino RV 717, Farnace RV 711, Orlando Furioso RV 728).

L'option retenue est de faire interpréter la partie vocale par une mezzo soprano et non un contre ténor, contrairement à nombre d'enregistrements précédents (ex : la référence que constitue l'enregistrement réalisé par James Bowman avec The Academy of Ancient Music, sous la direction de Christopher Hogwood, ou la version de Carlos Mena, accompagné de Philippe Pierlot à la tête du Ricercar Consort, pour ne citer que deux enregistrements qui m'ont particulièrement marqué). Le débat peut toujours être vif entre les experts sur ce que l'on pourrait considérer comme l'option la plus "historiquement" valable. Les querelles associées n'ont finalement pas grand intérêt (ex : le procès d'intention d'associer l'interprétation par une mezzo ou une contralto à une vision post-moderne, sous prétexte qu'elle constitue une déviance par rapport au propos initial de l'oeuvre). Rinaldo Alessandrini, dont on connaît le souci d'être au plus près de la rhétorique insufflée par les compositeurs baroques, a bien fait appel à la magnifique et si singulière voix de Sara Mingardo.

Dans l'enregistrement qui nous concerne, en introduction, la version proposée du Stabat Mater nous dévoile, dès les toutes premières mesures, le parti pris : accentuation des contrastes, théâtralité, expressivité troublante et une certaine forme d'autorité. La mezzo soprano Caroline Champy-Tursun, au timbre magnifique, brise les lignes des interprétations que l'on a pu entendre jusqu'à présent et qui nous semblent soudainement apprêtées. Dans cette version, sous la direction artistique de Michel Brun, ce sont autant la colère que la douleur de la Pietà qui nous sont révélées. Caroline Champy-Tursun interprète, au sens littéral du terme, les tourments, la désolation de Marie. Mais, attention, ce n'est pas un lamento, auquel nombre d'interprétations précédentes pouvaient faire référence, mais bien une forme "opératique", dont les contrastes font inévitablement référence au clair-obscur (le Caravage avait, d'une certaine manière ouvert la voie à l'âge baroque, ... plus de 80 ans avant la naissance de Vivaldi).

Michel Brun imprime une rythmique très marquée, dès le stabat mater d'introduction. Cette accentuation surprenante contribue à créer une tension qui sert efficacement la mise en scène de la partie vocale. Les accords tranchés des violons sur le cujus animam en sont une illustration évidente.

Les pièces du maître vénitien sont indéniablement solaires. Elles évoquent d'apparence les éclats dorés du Baroque. Mais on peut tout autant remarquer les contrastes quelquefois saisissants qu'elles incarnent. C'est bien le cas du Stabat Mater (la colère mais aussi une douleur lancinante qu'exprime le cujus animam, une fausse libération, légèreté restituée par l'o quan tristis, qui ne porte pas tout à fait so nom ou le fac ut ardeat qui intervient comme une libération avant l'amen final).

Sur le concerto en ré majeur pour traverso "Il Gerdellino", le même principe du jeu des contrastes est retenu avec en outre des phrasés assez allongés et un traverso (pas toujours très juste d'ailleurs mais qu'importe, c'est quelque part le charme fantasque de la flûte baroque) qui, dès le premier mouvement, évoque naturellement le chant du chardonneret qui est le surnom français que l'on attribue à ce concerto (la traduction contemporaine en italien du chardonneret étant semble-t-il il cardellino). C'est de tout évidence une version dont la dynamique et la part belle donnée au chant du traverso est intéressante.

Sur les cinq airs d'opéras qui suivent, à nouveau interprétés par la mezzo soprano Caroline Champy-Tursun, l'Ensemble Baroque de Toulouse s'aventure sur des terres déjà maintes fois explorées par d'autres baroqueux. Le résultat est plus qu'honorable, cette fois encore grâce au parti pris de l'expressivité. On n'a pas la frénésie (parfois éreintante) des versions de Jean-Christophe Spinosi, ni l'équilibre formel que recherche Rinaldo Alessandrini.

L'option retenue est bien celle d'une certaine noirceur, d'une dramatisation qui nous éclaire différemment sur ces pièces.

Parmi ces arias on y retrouve le fameux air d'Anastasio vedro con mio diletto de l'opéra Il Giustino que Cecilia Bartoli, Philippe Jaroussky et, plus récemment, Jakub Józef Orliński ont déjà magnifié. Sans tomber dans le piège du maniérisme, Caroline Champy-Tursun, avec un léger vibrato, s'aventure sans dommages dans une plus grande expressivité. Le résultat de cet exercice périlleux est plutôt réussi.

On notera enfin, au milieu de la sélection des airs d'opéra, une interprétation de la Sinfonia au Saint-Sépulcre, mystérieuse et sombre.

La qualité d'enregistrement est plus que correcte, la voix très présente avec une belle projection.

Ce projet est particulièrement réussi pour son parti pris et sa cohérence. Il confirme que sur un répertoire tellement de fois exploré, une nouveau prisme peut nous être proposé.

Antonio Vivaldi - Entre ombre et lumière - Ensemble Baroque de Toulouse sous la direction de Michel Brun  - Caroline Champy-Tursun, mezzo-soprano - visiblement auto-production.

Lien vers les plateformes pour l'écoute.

Ce post est dédié à Gaelane qui se reconnaîtra, et fait suite à nos beaux échanges sur cet enregistrement.

La tribune des critiques de France Musique : la sonate K.87 de D Scarlatti

L'émission la Tribune des critiques, animée par Jérémie Rousseau, était aujourd'hui consacrée à des versions au piano de la sonate K.87 en si mineur de Domenico Scarlatti. Six interprètes ont été écoutés en aveugle et j'ai été heureux de constater que la version qui a recueilli l'adhésion de Stéphanie-Marie Degand, Philippe Venturini et Emmanuelle Giuliani qui participaient aujourd'hui à l'émission, était celle de Racha Arodaky (label ZigZag Territoires - 2005).

Dans l'appréciation des critiques de l'émission, la version de Racha Arodaky devance celles de Clara Haskil, Vladimir Horowitz, Marcelle Meyer, Aldo Ciccolini et Ivo Pogorelich (ni plus ni moins !).

Cet enregistrement avait été pour moi un véritable choc lors de sa sortie. J'avais évoqué dans mon post du 19 septembre 2006 (l'un des tout premiers du blog) à quel point Racha Arodaky conférait à ces sonates de splendides couleurs et instaurait un climat intime très convaincant. Son piano révèle des sonorités amples qui servent parfaitement la richesse harmonique de ces sonates tout en conservant une clarté exemplaire de la ligne.

 

Ci-dessous, lien vers l'intégrale de l'émission. Démarrer au minutage 39 mn 16'' pour la version piano de la sonate K.87 et, plus spécifiquement au minutage 1h 7' 46'' pour écouter la version de Racha Arodaky.

Tribune des critiques dimanche 21 mars 2021.

Vivaldi par Jupiter

Le luthiste Thomas Dunford a créé son ensemble baroque Jupiter il y a maintenant un an. Leur premier enregistrement chez Alpha est dédié à Antonio Vivaldi. Le parti pris risqué d'intégrer dans cet album des extraits de concertos et des arias qui sont de véritable "tubes" vivaldiens a été particulièrement réussi.

Sur chaque piste de cet album, on se délecte à l'écoute d'une interprétation pleine de fraîcheur, associant subtilement la nécessaire nervosité et une forme d'intimisme qu'instaure la formation resserrée de l'ensemble (une vingtaine d'instrumentistes). L'ensemble restitue également de belles couleurs au fil des différents extraits.

On notera la performance de la mezzo-soprano Léa Desandre (notamment sur le fameux Agitata da due venti de l'opéra Griselda que Cecilia Bartoli avait largement popularisé par sa virtuosité ou sur le magnifique Vedro con mio diletto de l'opéra Giustino, interprétée avec un tempo bien plus lent que la version également très réussie de Delphine Galou avec l'Accademia Bizantina chez Naïve) ainsi que des solistes interprétant les concertos (Peter Whelan au basson et Bruno Philippe au violoncelle puis bien entendu Thomas Dunford au luth).

Une petite merveille à noter dans cet enregistrement : la magnifique aria Mentre dormi, Amor fomenti de l'Olimpiade, instaurant d'emblée un climat méditative très prenant.

Enfn, une composition originale de Thomas Dunford) (We Are the Ocean) vient clore l'album, comme une référence au fait que les thèmes vivaldiens représentaient en quelque sorte la "pop music" de son époque.

Album hautement recommandé.

La guitare s'invite au festival international de... piano à la Cour de Solliès-Pont

Le parti pris de la pianiste Racha Arodaky depuis qu'elle assure la direction artistique du festival international de piano à la Cour de Solliès-Pont est d'étendre la programmation à d'autres formes d'expression musicale. Si l'ADN du festival est préservée avec le piano qui occupe l'essentiel des concerts proposés chaque année, Racha Arodaky a étendu le répertoire à la musique de chambre et la musique vocale avec un excellent accueil du public.

Cette année, Emmanuel Rossfelder, l'un des plus éminents interprètes du répertoire écrit ou transcrit pour la guitare, interviendra, s'inscrivant dans cette démarche de faire découvrir au public du festival les différents modes d'expression musicale.

Le programme cette année fait intervenir, à partir du 30 juillet, Racha Arodaky, qui ne s'était pas produite sur le festival depuis 2011, puis Guillaume Coppola le 31 juillet, Karine Grosso le 1er août et Emmanuel Rossfelder le 2 août dans la magnifique cour d'honneur du château de Solliès-Pont, à 20 km de Toulon.

Réservation possible en ligne sur le site du festival.

Racha Arodaky, piano, le 30 juillet à 21h

J-P Rameau
Suite en la mineur
J. Duphly
Cahier numéro 1, extraits de pièces 
Cahier numéro 2, extraits de pièces

Guillaume Coppola, piano, le 31 juillet à 21h

Schubert 
Valses nobles D.969, Valses sentimentales D.779 (extraits)
Chopin​
Valses op.64 n°2, op.70 n°2, op.18 
Debussy
​La Puerta del Vino (Préludes livre 2), Clair de lune (Suite bergamasque), Feux d’Artifice (Préludes livre 2)

Karine Grosso, piano, le 1er août à 21h

Chopin
​Nocturne op.9 n°1
Sonate n°2 en si bémol mineur, op.35 « funèbre »

Schumann
Kreisleriana op. 16
--
Fantaisie op. 17 en do majeur

Emmanuel Rossfelder, guitare, le 2 août 2019 

F. Tarrega 
Thème et variations sur le carnaval de Venise
E. Granados 
Andaluza
I. Albeniz 
Granada, Asturias
H. Villa Lobos 
Preludio 1, Choros 1
-- 
A. Barrios 
Un sueño en la floresta
J.K. Mertz 
Fantaisie Hongroise
G. Verdi / J. Arcas 
Fantaisie sur des thèmes de la Traviata
N. Paganini 
Caprice n°24, La Campanella

Les fêtes musicales de Pionsat fêtent leur 40ème édition

Cette année, entre le 23 et le 28 juillet 2019, les fêtes musicales du château de Pionsat fêtent leur 40ème édition. Après avoir été créées et gérées pendant plus de trente ans par Jeannine Tauveron, leur direction artistique a été confiée à Racha Arodaky depuis 2011.

A l'occasion de cette 40ème édition, la pianiste s'est produite le 23 juillet sur un programme baroque français (JP Rameau et J Duphly), le guitariste Emmanuel Rossfelder, habitué du festival et particulièrement apprécié du public, a de nouveau été invité le 24 juillet.

Guillaume Coppola et Hervé Billaut ont interprété un duo à quatre mains au piano le 26 juillet.

Ce soir, Racha Arodaky invite des amis musiciens pour fêter la 40ème édition avec un concert exceptionnel "Racha & Friends" (David Abramovitz, Eric Artz, Hervé Billaut, Guillaume Coppola, Bernard Desormières).

Bernard Desormières, pianiste de Jazz et natif de Pionsat, clôturera cette saison dimanche 28 juillet avec un "Thé concert Jazzy".

Disparition d'Anner Bylsma

Le violoncelliste néerlandais, une des grandes figures du violoncelle baroque, est mort le 25 juillet. Sa remarquable intégrale des suites pour violoncelle enregistrée en 1992 chez Sony avec un Stradivarius de 1701, le Servais, prêté par le Smithsonian Institute de Washington dont la sonorité unique.

 

Racha Arodaky explore Jacques Duphly au piano

Jacques Duphly, contemporain de Jean-Philippe Rameau, Antoine Forqueray ou Jean-François Dandrieu, ne connaît peut-être pas la même notoriété, à l'exception du cercle des clavecinistes qui se font fort d'interpréter ses oeuvres, au disque comme au concert.

Ce compositeur, qui a en fait commencé sa carrière comme organiste à Evreux puis Rouen, a ensuite été considéré par ses contemporains comme l'un des professeurs de clavecin les plus émérites de la place de Paris.

Il a laissé un corpus bien connu des clavecinistes de quatre livres de pièces pour clavier. Si la majeure partie de sa carrière faisait la jonction entre deux époques, deux mondes aux esthétiques qui s'avéreront différentes (de l'apogée de la monarchie sous Louis XIV à la Révolution Française), elle traduit également une forme de jonction entre "l'élégante rectitude" du style français incarné par François Couperin et le caractère solaire du style italien, incarné quant à lui par Domenico Scarlatti.

En réalité, la musique de Jacques Duphly révèle une personnalité singulière, avec un sens du récit et de la mélodie indéniables. Chaque pièce est d'une inventivité étonnante et on retient chaque motif d'emblée. Ces courtes compositions sont des petites pièces de joaillerie, ciselées avec virtuosité, révélant finesse, légèreté et prestance.

Certaines d'entre elles sont un véritable défi pour un interprète au piano moderne tant elles ont été nativement composées pour la légèreté des claviers du clavecin. L'un des enjeux est alors de conserver cette agilité nécessaire tout en apportant les couleur et les nuances naturelles du forte du piano par rapport au clavecin, naturellement plus sec.

De part son exploration préalable approfondie (et particulièrement réussie) du répertoire baroque au clavier, c'est que Racha Arodaky parviendra sans aucun doute à faire, intégrant Jacques Duphly au programme de ses prochains concert.

Elle interprétera notamment des pièces des 1er et 2ème livres, ainsi que la suite en la mineur de Jean-Philippe Rameau lors du concert qu'elle donnera à la Sainte -Chapelle à Paris le vendredi 28 juin à 20h.

70 bougies pour Mitsuko Uchida

Si ce n'est pas dans les conventions de mentionner l'âge d'une femme, on peut faire un exception à propos d'une artiste d'exception à laquelle l'émission Arabesque de France Musique a consacré, depuis le 17 décembre, une belle partie de son programme, au titre de son anniversaire.

Les lecteurs du blogs savent l'admiration que je voue à la pianiste japonaise que j'ai découverte il y a... un peu plus de trente ans. C'était à l'époque sur des concertos et sonates de WA Mozart. Grande mozartienne, elle l'est incontestablement, tant son jeu frappe d'emblée par son naturel, sa subtilité, son élégance.

Plus récemment, je porte son intégrale des concertos pour piano de Ludvig van Beethoven comme une version de référence, à savoir celle qu'elle a enregistrée accompagnée du magnifique Concertgebouw d'Amsterdam, sous la direction de Kurt Sanderling.

On tient là un modèle d'équilibre, de densité, d'intelligence du texte et, plus spécifiquement, Mitsuko Uchida y révèle une approche incisive à laquelle elle ne nous avait pas habitués. On pouvait jusqu'alors la rattacher abusivement à une approche éthérée, aérienne du répertoire romantique. Il n'en n'est rien sur ce corpus des cinq concertos de Beethoven, abordés avec une énergie et une détermination impressionnantes. Le piano est impérial et, contrairement au propos même du mode concertant qui doit toujours s'apparenter à une forme de joute entre le soliste et la masse orchestrale, ici, nul n'est besoin de parler de combat mais plutôt de complicité évidente. L'orchestre fournit plutôt un écrin propice au déploiement des couleurs extraordinaires du piano.

La vidéo youtube ci-dessous présente un peu plus d'une heure d'une passionnante masterclass donnée par Mitusko Uchida qui compare le 4ème concerto en sol de Ludvig van Beethoven avec le 25ème concerto en ut majeur K503 de WA Mozart.

Son site permet de découvrir sa discographie complète.

15 ans avant JS Bach...

L'émission En piste ! sur France Musique, animée par Rodolphe Bruneau-Boulmier et Emilie Munera m'a fait découvrir il y a près de deux mois un compositeur que je ne connaissais pas, Georg Caspar Schürmann, au travers d'une parution récente (label CPO) dédiée à l'un de ses opéras : Die getreue Alceste.

Ce compositeur allemand précède de près de 15 ans JS Bach est l'on est d'emblée frappé par la similitude troublante dans le style, la maîtrise du contrepoint et de la trame harmonique entre les compositions de Schürmann et celles du Cantor de Leipzig.

GC Schürmann est un compositeur qui a vécu la totalité des 79 ans de son existence en Allemagne, principalement à Brunswick. Il a écrit plus de trente opéras dont celui édité et paru récemment, interprété par l'ensemble, lui aussi allemand, Barockwerk Hamburg, sous la direction d'Ira Hochman, une des rares femmes à diriger un ensemble de musique baroque.

L'émission En piste a diffusé une des arias, tirée du troisième et dernier acte de l'opéra Die getreue Alceste : Fahr ewig wohl !, magnifique composition pour soprano et mezzo avec un enchevêtrement des deux voix d'une beauté indéniable. Le plus troublant dans cette aria est la similitude de style, d'inventivité, de fluidité évidente avec les plus belles arias des cantates de JS Bach, et ce, près de quinze ans avant leur composition.

Les deux solistes servent de façon exemplaire cette aria. D'une façon générale, l'interprétation du Barockwerk Hamburg est très équilibrée, même si elle manque parfois d'une certaine ferveur et peut paraître un tout petit peu apprêtée. Un peu plus de nervosité, de grain aurait permis à cette interprétation d'avoir parfois plus de relief. La prise de son assez moyenne y est certainement aussi pour quelque chose (problème de dynamique).

Il s'agit en tout cas d'une curiosité d'autant plus troublante que, même s'il s'agit d'une oeuvre profane, on ne peut s'empêcher de penser au futur corpus des cantates de JS Bach.

Lien direct vers l'album sur Spotify.

GC Schürmann - Die getreue Alceste - Opéra en 3 actes - Barockwerk hamburg, direction Ira Hochman - Hanna Zumsande, Santa Karnite, Katherina Müller, Alon Harari, Mirko Ludwig, Andreas Heinemeyer, Ralf Grobe - label CPO.

Disparition de Claudio Scimone

Claudio Scimone, directeur musical notamment de l'ensemble I Solisti Veneti, est décédé cette semaine à l'age de 84 ans.

Un de mes tout premiers disques : les concertos No 8 et No 27 de Mozart par Maria Joao Pirès, accompagnée par Claudio Scimone à la tête de l’ensemble I Solisti Veneti (disque vinyle Erato). Les débuts prometteurs de MJ Pirès avec un chef qui m’a toujours marqué par sa finesse, sa probité et l’élégance de sa direction.

Claudio Scimone a beaucoup oeuvré pour proposer une lecture directe, san fioriture du répertoire italien des 17ème et 18ème siècles.

Exemple ci-dessous avec le concerto pour deux mandolines d'Antonio Vivaldi.

Seiji Ozawa : un des derniers grands maîtres

Mal compris voire rejeté au Japon après avoir vu sa carrière se développer aux Etats-Unis, notamment auprès de Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, qui a toujours voulu faire abstraction des barrières culturelles, évoque dans ce magnifique reportage diffusé par Arte, son investissement, alors qu'il atteint un âge canonique, dans l'enseignement et dans la promotion de la musique classique occidentale au Japon.

On y retrouve un homme imprégné de la pratique musical, que l'on connaît maintenant depuis plusieurs décennies comme l'un des plus grands chefs contemporains, parler avec humilité et un véritable humanisme, de sa découverte tardive du plaisir de la transmission et de l'enseignement.

Arte diffuse aussi en replay un concert dirigé récemment par le maître : la 7ème symphonie de Beethoven à la tête du Saito Kinen Orchestra. On y retrouve cette finesse, une élégance, un subtil équilibre entre la tonicité nécessaire, la tension à imprimer et une légèreté, une plasticité qui sont la marque de fabrique de Seiji Ozawa.

Piano, quatuors à cordes et chant baroque pour la saison 2018

Le programme de la saison 2018 du festival international de piano à la cour associe cette année le récital pour piano, la musique de chambre et le chant baroque.

Ouverture ce soir avec le concert de Caroline Sageman entièrement dédié à Frédéric Chopin.

Lien vers la page d'information du site du festival.

Vendredi 17 août 2018 – 21h

Caroline Sageman (piano)

F Chopin

3 mazurkas op. 7 (N°1, 2, 3) – Polonaise op. 26 N°1 – Scherzos op. 31 et 39

3 valses (N°2 op. 34, N°15 op. posthume en ma majeur, N°14 op. posthume en mi mineur) – Polonaise héroïque op. 53 – Polonaise op. 22

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Samedi 18 août 2017 – 21h

Gaspard Dehaene (piano)

F Schubert : mélodie hongroise – sonate D 959 en la majeur

R Wagner : sonate « pour l’album de Mathilde W. » – F Schubert – F Liszt : 2 lieder : « Auf dem Wasser zu singen » – « Aufenthalt » – R Wagner – F Liszt : Tannhaüser, ouverture

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Dimanche 19 août 2017 – 21h

Quatuor Ludwig

G Puccini : Crisantemi SC 65 – M Ravel : quatuor à cordes en fa majeur

A Dvořák : quatuor N°12 en fa majeur « Américain »

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Lundi 20 août 2017 – 21h

ADN Baroque : Théophile Alexandre (chant – danse), Guillaume Vincent (piano)

Pièces de JS Bach, GF Haendel, H Purcell, A Vivaldi

Artistes remarquables et beau programme pour le festival de Solliès-Pont

 

Naturellement axé autour du récital de piano, le festival international de piano à la cour propose cette année, une exception à cette règle avec un ensemble de musique de chambre, le quatuor Hanson, qui a notamment remporté le 2ème Prix au Concours International de Quatuor à cordes J. Haydn.

L'objectif de la directrice artistique, Racha Arodaky, est également d’inviter aussi des pianistes de renom comme cette année Jean-Marc Luisada, un des plus éminents représentants de l’école française, dont notamment les interprétations de Frédéric Chopin restent une référence indiscutable, mais aussi de jeunes talents comme Arthur Hinnewinkel, qui vient de remporter le premier prix spécial au concours Flame 2017.

Maxence Pilchen, qui a développé son parcours musical auprès de pianiste de ronammée mondiale, notamment Byron Janis à New York, avec lequel il a entretenu une relation très privilégiée, proposera un superbe programme autour de Frédéric Chopin, sous le titre « de Majorque à Nohant ».

Ce festival s'ouvre donc au répertoire de la musique de chambre et axe sa programmation sur des coups de coeur pour des artistes qui s'engagent pleinement dans leur travail, quelle que soit la génération à laquelle ils appartiennent.

Le festival démarre demain.

 

Vendredi 18 août 2017 – 21h

Jean-Marc Luisada

WA Mozart  : sonate K331

F Schubert impromptus op. 142 n°1 / op.90 n°4

F Chopin 4 mazurka op. 24

F Chopin : Barcarolle op. 60, Polonaise fantaisie op. 61, Scherzo n°2

 

Samedi 19 août 2017 – 21h

Maxence Pilchen

De Majorque à Nohant

Frédéric Chopin

Grande Polonaise précédée d’un Andante spianato op.22, Ballade op.38, Scherzo op.39, Ballade op.52, Scherzo op.54, Polonaise op.53

 

Dimanche 20 août 2017 – 21h

Arthur Hinnewinkel

J Haydn : sonate N°7 en ré majeur Hob XVI 37

C Debussy : suite bergamasque L 82

F Chopin : barcarolle en Fa# Majeur Op 60

F Schubert : Wanderfantaisie en Do Majeur Op 15

 

Mardi 22 août 2017 – 21h

Quatuor Hanson

J Haydn : quatuor op. 76 n°2

F Schubert : quatuor n°14 la jeune fille et la mort

 

Joyeux Noël énergique avec le Cantor !

Rien de tel que les grands classiques (Oratorios de Noël de JS Bach) mais avec les couleurs et la verve que JE Gardiner peut leur donner, avec l'une des toutes meilleures formations chorales depuis plus de trente ans (le Monteverdi Choir).

On peut écouter ces oratorios à l'infini.

Musique et Eternité

Le film réalisé par Trần Anh Hùng, Eternité, sort demain 7 septembre prochain avec à l’affiche Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Bérénice Bejo. Il est tiré du roman L'élégance des veuves, écrit par Alice Ferney (Editions Actes Sud).

Je suis allé visionner ce film magnifique en avant-première et en ai été profondément bouleversé. Trần Anh Hùng est un réalisateur dont le travail repose beaucoup sur la restitution des sensations, des instants capturés, avec une densité, une intensité remarquables. Il est très attaché aux perceptions sensorielles, préoccupation esthétique que l'on retrouve souvent dans l'expression de nombre d'artistes asiatiques ou d'origine asiatiques.

Il est important de noter la part importante allouée à la musique dans ce film. Ce point n'est, pour l'instant, pratiquement jamais souligné dans les premiers articles consacré au film, tant les médias se concentrent sur le trio des stars féminines françaises qui tient l'affiche... Sur près de deux heures, dans ce film aux dialogues très resserrés et rares, la force de l'image, la beauté de la photographie sont sublimées par la musique (admirable travail également de la directrice artistique de Tran Nu Yên Khê, épouse du réalisateur et actrice principale du film qui l'avait révélé en 1993, L'Odeur de la Papaye Verte ainsi que du directeur de la photographie, Mark Lee Ping Bin).

Les nombreux morceaux de musique classique sélectionnés, pour la plupart interprétés au piano, et dont certains sont très connus des mélomanes, jouent en effet un rôle déterminant dans la narration.

Pour reprendre les propres termes de Trần Anh Hùng : 

"Comme les images de ce film ne sont pas faites pour raconter une histoire mais pour créer un flot de situations esquissées, entrainé par le temps inexorable, j’ai découvert que certains morceaux de musique que j’ai utilisés avaient un rôle « narratif » et épousaient de près l’intériorité des personnages, et en même temps maintenaient le spectateur à la bonne distance des drames dont il est témoin". La musique travaille de concert avec la voix off ; et ensemble, elles produisent un récit qui se déploie de façon inédite et profondément émouvante".

J'ai en outre découvert, en suivant le générique de fin, qu'outre la sélection admirable opérée quant aux pièces interprétées, le fait que les pianistes sélectionnés figurent parmi les interprètes qui me sont les plus chers (ex : Racha Arodaky sur GF Haendel avec la Sarabande de la suite N°4 en mi mineur, le menuet en sol mineur de la suite N°1, Aldo Ciccolini sur nombre de pièces dont Debussy, Arturo Benedetti Michelangeli sur le concerto en sol de Ravel, Stephen Kovacevich sur Beethoven...), Arcadi Volodos sur JS Bach entre autres,...

Film très singulier, d'une puissance narrative impressionnante et belle performance d'actrices. A voir absolument.

Plus de détails sur le film.

Interview intéressante du réalisateur :

Une magnifique 2ème édition du Festival international de piano à la cour de Solliès-Pont

La ville de Solliès-Pont organise, pour la deuxième année, son festival international de piano à la cour. La programmation de haut niveau, confirme la stature que revendique ce festival avec des pianistes confirmés de renommée internationale comme de jeunes talents tout à fait prometteurs. La nouvelle direction artistique du festival est assurée par Frédéric Bernard et la marraine du festival est la pianiste Racha Arodaky.

Cette saison a démarré hier avec un très beau concert de Maciej Pikulski. Ce pianiste est notamment l'accompagnateur des plus grandes voix. Il nous a fait voyager avec sensibilité, dans l'intimité d'oeuvres du répertoire romantique, de Chopin à Schumann, via Liszt et Schubert. Le programme, intelligemment construit et commenté avec charisme par le pianiste, révélait un toucher subtil, un sens magnifique des couleurs, une rare intelligence du texte.

Ce soir, c'était au tour de l'excellent pianiste Iddo Bar-Shai, d'effectuer une belle transition des romantiques aux modernes, mêlant le style allemand et la verve espagnole, avec un programme très varié, exigeant, sortant des sentiers battus (pièces de Chopin, Albeniz, Granados, Weissenberg, Schubert).

Le festival se prolonge jusqu'à dimanche avec, demain la pianiste Mara Dobresco, et dimanche Edna Stern, fidèle de Solliès-Pont.

Lien vers la page de la mairie de Solliès-Pont dédiée au Festival (avec possibilité de télécharger le programme détaillé).

Lien vers la page Facebook du Festival. 

Très belle 37ème édition des Fêtes Musicales du Château de Pionsat

La 37ème édition des Fêtes Musicales du Château de Pionsat s'est déroulée du 25 au 29 juillet. Comme chaque année, une belle programmation a été proposée à un public fidèle et averti.

On notera, entre autres, le retour de Jean-Marc Luisada, fidèle au Festival qui a donné un magnifique concert autour de Haydn, Schumann et Chopin 

Jean-Marc Luisada nous a interprété un Haydn aérien, subtil avec tendresse et un superbe toucher. La Grande Humoresque de Schumann flamboyante, d'une tension impressionnante révélait une maîtrise magistrale de ces changements brusques d'humeur si spécifiques au compositeur allemand. La deuxième partie du concert de Jean-Marc Luisada consacré à des valses de Chopin jouait sur les contrastes des climats,  les jeux de couleurs.

Le pianiste a interprété des bis exceptionnels dont une Cathédrale Engloutie de Debussy d'une beauté sidérante.

Le festival a également proposé de jeunes interprètes, de belles découvertes, comme la pianiste Mara Dobresco, accompagnée de l’excellent violoniste Jan Orawiec, et le quatuor tchèque Bennewitz, un des meilleurs ensembles de chambre européens.

Le succès du Festival tient aussi au fait qu'il tente toujours d'explorer les différentes facettes de l’expression musicale, au delà du répertoire classique et romantique. Ainsi cette année, le contre-ténor Théophile Alexandre, avec le pianiste David Abramovitz, qui a accompagné les plus grands artistes lyriques, ont fait découvrir de splendides arias d’opéras et d’oratorios baroques. Le mercredi, comme pour les éditions précédentes, était quant à lui consacré à un diner concert, avec le quatuor vocal A'Dam, placé sous le signe d’un éclectisme allant de Claudin de Sermisy aux… Beatles.

Lien vers la page du site du festival vous permettant de prendre connaissance de la richesse de la programmation de ce festival depuis plus de 5 ans (le festival existant quant lui depuis 36 ans, longévité exceptionnelle par les temps qui courent !) et vers la page Facebook du festival.

Saoû chante Mozart depuis plus de 25 ans

Saoû chante Mozart fait partie des festivals dont la longévité mérite d'être soulignée, surtout en ces temps de réduction des subventions et de disparition des manifestations culturelles d'été. Il tire son nom de la petite ville de la Drôme où il a pris naissance, sachant que les 232 concerts qui ont été donnés dans le cadre du festival depuis 25 ans se sont produits sur près de 42 communes différentes dans le département de la Drôme. L'accent est mis sur l'association de la beauté des sites et de la qualité de l'acoustique.

Trois personnes clé oeuvrent à la programmation et aux choix artistiques du festival : Philippe Andriot, musicologue, Philippe Bernold, flûtiste (Premier Grand Prix du Concours Jean-Pierre Rampal) et chef d'orchestre, et Franck-Emmanuel Comte, spécialiste de la musique baroque, directeur artistique du choeur et orchestre du Concert de l’Hostel Dieu à Lyon.

Comme le nom du festival l'indique, les thématiques tournent toujours autour du prodige autrichien. 

Cette année, le festival a démarré par le désormais traditionnel week-end mozartien de Saoû, du 8 au 12 juillet, avec des concerts de musique de chambre donnés par des artistes en résidence (Philippe Bernold, Henri Demarquette, Claire Désert, Chlolé Hanslip, Paul Meyer, Miguel da Silva), des conférences pédagogiques, la balade musicale et pédagogique en forêt et le dîner sous les platanes. Il s'est ensuite prolongé jusqu'au 28 juillet et clôturé par un concert à l'église Saint-Jean de Valence.

Ce festival propose d'explorer, avec convivialité, les oeuvres de compositeurs qui ont été inspirés, directement ou indirectement, par Mozart.

Pour plus d'information, se référer au site du festival. 

21 juin, fête de la musique mais pas des... Musiciens

Sur France Culture, dans son billet économique de ce matin, Marie Viennot rappelle les aberrations du modèle économique actuel du secteur de la musique avec l'impératif de plus en plus fort pour les musiciens de s'auto-produire (ils seraient 55% maintenant), du fait de la baisse très marqué du nombre d'emplois chez les éditeurs et producteurs (-17% entre 2011 et 2013), tout cela pour obtenir des revenus de plus en plus faible de leur travail.

Les musiciens professionnels récoltent les miettes en fin de chaîne de valeur. Deux exemples probants : selon Pascal Nègre, ex PDG d'Universal, un clip vu 16 millions de fois génèrerait 1 600 à 2 000 Euros pour les artistes qui se produisent dans ce clip (décalage de chiffres extrêmement surprenant, car 16 millions de vues c'est considérable sur youtube). L'ADAMI a calculé que les 9,99 € de forfait mensuel par abonné rapporteraient 46 centimes pour les artistes concernés et qu'ils devront se partager (à multiplier par le nombre d'abonnés tout de même, non précisé, mais enfin...). Deezer revendique 6 millions d'abonnés payants. Si on considère que 90% sont vraiment actifs, cela fait 0,46 € x 6M x 0,90 =2 484 000 € à se partager. Reste à savoir sur combien d'artistes (il y a 40 millions de titres en ligne sur Deezer).

Toujours,selon l’ADAMI, les sites de streaming déclarent reverser deux tiers de leurs revenus aux producteurs... qui, quant à eux ne reversent que 10% en moyenne à leurs artistes.

Il reste le "live", les concerts, pour compléter les revenus, le statut d'intermittent n'étant visiblement possible que si l'artiste cumule au moins... 40 concerts pour 10 mois (il a intérêt à avoir un bon tourneur !).

Brahms souverain et encore inatteignable

Johannes Brahms est certainement le compositeur qui tend le plus de pièges aux nombreux interprètes qui tentent de s'imprégner de son oeuvre et de restituer toute sa richesse.

Sur le corpus des symphonies par exemple, les plus grands chefs ne sont pas toujours parvenus à restituer cette richesse sans tomber dans le piège d'une suavité, forme archétype du style romantique (ex : Carlo Maria Giulini dont la critique a pourtant vanté le fait que son intégrale soit la référence). Jusqu'au jour où vous écoutez, avec son grain de folie, son extraordinaire maîtrise rythmique, son exigence absolue de la transparence, de la netteté du contour des lignes, son sens indéniable de la tension, un Carlos Kleiber sublime, par exemple, la 4ème symphonie en mi mineur.

Dans le cas des compositions pour piano, notamment les sonates, force est de constater que, pour ma part, le choc n'a pas encore eu lieu. Il y a certes la noirceur extrême, la morbidité saisissante d'Arturo Benedetti Michelangeli sur les géniales balades opus 10. Il y a bien entendu le lyrisme, le panache, mais aussi l'inégalité, de Julius Katchen, encore considéré comme l'interprète de référence. J'avais évoqué l'intégrale tout à fait honnête mais tout de même peu imaginative et assez polissée de Peter Rösel, récemment rééditée. Même Claudio Arrau, dont l'intelligence du texte, de la construction des oeuvres était exceptionnelle, ne parvient pas à nous transporter, du fait, peut-être d'une distanciation trop marquée.

Il y a pourtant, d'une façon faussement inattendue, le sens indéniable du contrepoint et la maîtrise rythmique de Glenn Gould qui en font, au delà des idées reçues, un des meilleurs serviteurs au piano du compositeur allemand (cf. sa version des klavierstücke).

Tout dernièrement, le pianiste français, François-Frédéric Guy, loué de façon régulière par la critique, notamment pour sa maîtrise technique indéniable, son sens de l'architecture, s'est risqué à enregistrer une intégrale des sonates de Johannes Brahms, ce qui est tout à son honneur.

Cependant, il rejoint la cohorte des interprètes qui passent visiblement à côté du mystère brahmsien et ne semblent pas parvenir à le percer, ni, de toute évidence, à nous en imprégner.

Le pianiste semble avoir une telle obsession de la maîtrise technique, de la performance, que tout le propos donne l'impression d'être centré sur la fermeté du phrasé, une lecture assez analytique, la pureté de la ligne. Le résultat est un Brahms assez effrayant, avec des accords implacables, autoritaires et une sécheresse au détriment du lyrisme pourtant indispensable pour restituer ce mystère (ex : le scherzo de la sonate N°2 en fa dièse mineur ou l'allegro de la sonate N°1 en do majeur). Certes, les lignes sont claires, le souci de transparence est évident et la vélocité du jeu impressionnante. La structure de ces sonates nous est restituée de façon très nette mais je trouve que la magie est absente. J'ai recherché en vain le supplément d'âme.

Sur les mouvements lents, on attend sans espoir que l'alternance de la tendresse et de la noirceur, marques de fabrique de la forme brahmsienne soient révélée (ex: l'andante de la sonate N°2, approché de façon presque maniériste). La richesse, le foisonnement harmonique de ces pièces sont vidés de leur substance où l'exploration de l'univers du compositeur tient plus du domaine de la dissection que de l'introspection. Le cas symptomatique est la version du fameux andante de la sonate N°3 que nous propose François-Frédéric Guy où l'on est plongé en apnée, et l'on recherche en vain respiration, ampleur et un minimum de grain, d'épaisseur.

La qualité d'enregistrement assez sèche contribue en outre à accentuer cette impression de manque de densité.

Je reste toujours sceptique sur les louanges de la critique portée à l'égard de interprétations actuelles, plus axées sur la performance, la virtuosité au détriment du chant, de la respiration.

Johannes Brahms - sonates pour piano - Jean-Frédéric Guy - label Evidence (distribution Harmonia Mundi).

Disparition de Philippe Beaussant

L'académicien Philippe Beaussant nous a quitté le 8 mai dernier. Il a rédigé des ouvrages qui ont fait référence dans le domaine de la musique baroque. Il est également l'auteur de biographies chez Fayard : François Couperin, Jean-Philippe Rameau (Rameau de A à Z), ou Jean-Baptiste Lully (Lully ou le musicien du Soleil). Cette dernière a été à l'origine du scénario du film "Le roi danse", réalisé par Gérard Corbiau en 2000.

Il été également producteur sur France Musique ainsi que créateur et conseiller artistique du Centre de Musique Baroque de Versailles. Le rayonnement actuel du CMBV doit énormément à l'impulsion donnée par Philippe Beaussant.

Son ouvrage Passages - de la Renaissance au Baroque, paru en 2006, constitue une référence pour comprendre la transition qui s'est opérée entre la musique ancienne et la musique baroque.

L'angélisme des uns au service du cynisme des autres

La couverture de presse et l'émotion puérile de certains médias sur le concert donné par Valéri Guerguiev dans la cité antique de Palmyre ont de quoi laisser sans voix.

Salué par la Russie, ce concert intitulé "prière pour Palmyre" est sensé illustrer comment la musique peur incarner la lutte contre le terrorisme..

Seulement, ce sont les mêmes acteurs qui ont certes libéré Palmyre mais sont également en train de détruire Alep, portant depuis cinq ans la responsabilité de plusieurs centaines de milliers de morts en Syrie.

Ce type d'évènement a quelque chose de terrible et constitue un acte d'un indécence inouïe. Tout en portant un message d'espoir indéniable de victoire et de force de l'expression artistique contre l'atrocité des actes d'un terrorisme barbare et obscurantiste, il cautionne toutefois un régime dont les actes sont tout aussi immondes.

Que faut-il en penser ?

Article du Figaro.

Article du Monde.

Nikolaus Harnoncourt (1929 - 2016)

La mort de Nikaulos Harnoncourt a été largement couverte par les médias spécialisés ce qui est la moindre des choses, tant le chef autrichien a marqué le monde musical de son empreinte.

Avec Alfred Brendel (encore parmi nous), Nikolaus Harnoncourt est un véritable musicien de la tradition autrichienne (même s'il est né à Berlin).

Le site anglais Gramophon, propose une sélection discographique qui reflète bien le travail exemplaire ce ce chef, sans parler de ses nombreuses performances en concert qui ont aussi exercé une marque indéniable sur son public.

Il fait même partie des rares directeurs musicaux à avoir quelque peu, par deux fois en 2001 et 2003, bouleversé le climat du rituel concert du nouvel an, avec une lecture sombre, ténébreuse des compositions de Johann Strauss (belle performance...).

Il faut surtout se rappeler comment, tout comme Gustav Leonhardt, qui a quitté ce monde quatre ans avant lui, et il a révolutionné la lecture et l'interprétation du corpus des cantates de JS Bach. Il en était de même avec Monteverdi, notamment sur les madrigaux.

J'avais mentionné, dans la sélection que j'avais proposée pour Noël 2014, l'excellent recueil d'entretiens "La Parole musicale", parue chez Actes Sud.

Racha Arodaky nommée Chevalier des Arts et des Lettres

Racha Arodaky, pianiste concertiste et fondatrice du label Air Note, a été nommée Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, par arrêté du Ministère de la Culture et de la Communication.

Eve Ruggieri lui remettra l’insigne de Chevalier des Arts et des Lettres lors d’une cérémonie qui se tiendra le 28 janvier 2016.

Cette distinction est largement méritée, compte tenu du rayonnement de Racha Arodaky, de l'intégrité de son travail, notamment sur le répertoire baroque au piano, de la fidélité de son public et, plus particulièrement de son attachement à la diffusion de la musique au plus grand nombre, en donnant des récitals auprès de publics qui n’ont pas accès à la musique classique (ZEPs, maisons d’arrêt...) ou pour des causes caritatives.

En plus de sa carrière de pianiste, elle exerce les fonctions de conseillère artistique ou directrice musicale de plusieurs festivals de musique (Festival International de Solliès-Pont, Saison Musicale du Théâtre de l’Onde à Vélizy, …) où elle a, à plusieurs reprises, mis en échos des univers musicaux a priori différents mais qui entrent en résonance de façon extraordinaire (ex : le concert qu'elle a donné avec Paco El Lobo le 9 juin 2012 : Scarlatti Iberico). Elle est également directrice artistique des Fêtes Musicales du Château de Pionsat depuis 2011.

Je suis, tout comme beaucoup de personnes qui suivent son parcours, très fier pour elle.

Je vous renvoie à mes posts sur ses enregistrements Scarlatti (19 septembre 2006), Haendel (21 novembre 2009) et JS Bach (24 novembre 2011), ainsi qu'à mon interview du 6 avril 2009. 

Une messe en si sous tension

La Chaîne Mezzo (dans sa version Mezzo Live HD) retransmet l'interprétation de la Messe en si de Jean-Sebastien Bach sous la direction de John Eliot Gardiner, avec the English Baroque Soloists et le Monteverdi Choir (concert donné à la Philharmonie de Paris le 3 avril 2015).

Le chef anglais conçoit cette oeuvre monumentale avec une certaine théâtralité, et une mise sous tension, dont on peut perte accoutumé à l'écoute de ses enregistrements des cantates de JS Bach. Disposant d'une des meilleures formations chorales actuelles (comme cela l'a été depuis près de trente ans) avec le Monteverdi Choir, il peut marquer d'une empreinte assez forte les différentes parties de ce chef d'oeuvre du cantor. C'est particulièrement le cas, en toute logique, du Kyrie eleison d'introduction, du Credo in unum Deum, du magnifique Crucifixus et du Dona nobis pacem qui clos la messe.

On ne sera pas dans l'humilité et le respect strict du texte d'un Masaaki Suzuki ou dans la plasticité d'un Philippe Herreweghe mais dans la volonté d'imprimer une tension assez forte, un caractère assez monolithique.

Certains considéreront que cette lecture se fait au détriment d'une certaine élévation. Rien de céleste en effet dans cette version. Plutôt, au contraire, quelque chose de très tellurique, bien armé au sol, ramenant très habilement cette oeuvre gigantesque à notre échelle humaine. C'est en tout cas extrêmement bien fait même si l'inconvénient est le risque (très sensiblement perceptible par moment) de ne pas rester tout à fait égal dans cette tension.

Autre petit bémol : le fait de faire appel à des membres du choeur pour la partie soliste. Je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas le même tempérament, la même rhétorique. Certains solistes pêchent tout de même par manque d'épaisseur, de charisme et proposent une version un peu empruntée d'arias qui sont pourtant d'une beauté éclatante.

Même si cette version ne correspond au type d'approche qui me touche le plus, je dois avouer sa cohérence et son intensité dramatique.

Plus de détails (notamment sur de futures retransmissions de ce concert) sur le site de mezzo.tv (en vous souhaitant plus de chances que moi, les temps de réponse étant très longs sur le site lors de mes dernières recherches).

Le modèle perdant / perdant du streaming

Deezer reporte son introduction en Bourse et Qobuz est placé en redressement judiciaire.

Le modèle du streaming, qui maintenant dépasse largement celui du téléchargement (les revenus du streaming représenteraient au moins la moitié des ventes numériques de musique), s'avère également désastreux pour les artistes (la rémunération est de l'ordre de 0,002 € par écoute pour un artiste). L'excellent article de France Musique (musique classique et streaming : que touchent les artistes ?) décrit très clairement, avec un graphique, que sur le montant mensuel moyen payé par un abonné sur une plate-forme de streaming (9,99 €), 0,46 € reviennent... à l'ensemble des artistes qui ont été écoutés par ledit abonné sur le mois.

Ce modèle ne rémunère donc pratiquement pas les artistes et guère plus les labels.

En outre, des nombreux observateurs, et visiblement des investisseurs, restent sceptiques sur le modèle économique des acteurs eux-mêmes du streaming. L'abonnement à 9,99 € / mois peut s'avérer insuffisant, compte tenu des coûts d'exploitation de ces plates-formes qui doivent garantir un niveau de service élevé, tout en gérant de nombreux titres et une base de plusieurs millions d'auditeurs (le catalogue en ligne de ces plates-formes entre, par exemple Deezer et Spotify, peut être estimé à environ 30 millions de titres pour Environ 6 à 15 millions d'abonnés (d'ailleurs Spotify compte 60 millions d'utilisateurs pour 15 millions qui payent pour un abonnement) (6 millions d'abonnés payants pour Deezer).

Le cas Qobuz montre à quel point la recherche de qualité peut être confrontée à cette "commoditisation" de l'écoute désespérante chez nombre d'auditeurs, à un manque cruel de soutien des pouvoirs publics (à quoi sert le Ministère de la Culture ?) pour soutenir un acteur qui cherche à servir les mélomanes avec des écoutes HD, sur le répertoire classique, le jazz, la chanson française. Le modèle n'est visiblement pas viable et les repreneurs ne semblent pas se bousculer... C'est d'autant plus rageant que les offres haut débit des FAI, notamment avec la fibre, permettent désormais de servir confortablement ce type de service. L'obstacle n'est donc plus technique mais bien économique. On est arrivé à une absurdité consistant à considérer que la consommation de musique doit être quasiment gratuite, alors que les coûts de production / promotion / diffusion des enregistrements sont incompressibles et que les artistes ne travaillent pas seulement pour la gloire. Le tendance semble être la même pour le cinéma avec des enjeux encore plus importants, vus les budgets de production.

Je ne pense pas que l'accord dit "historique" sur la juste rémunération des artistes pour la filière musique, signé par la Ministre de la Culture, après la médiation opérée par Marc Schwartz, conseiller maître à la Cour des comptes, suffise à mettre en place des modèles qui permettent à chacun d'y retrouver son compte.

Pour l'instant, les modèle est visiblement perdant au moins au carré (artistes, plates-formes), voire puissance 4 (artistes, plates-formes, labels et... auditeurs, sur la qualité de l'écoute).

Très belle 36ème édition des Fêtes Musicales du Château de Pionsat

Les habitués du blog savent que je couvre chaque année les Fêtes Musicales du Château de Pionsat. J'y suis impliqué en tant que bénévole, notamment sur la communication Internet du Festival.

La directrice artistique du festival, Racha Arodaky, a placé cette édition (du 27 au 31 juillet) sous le signe du croisement des genres avec une très belle distribution.

Le festival s'est ouvert avec un duo piano / voix de très haute tenue : François-René Duchâble qui accompagne au piano la soprano Sophie Marin-Degor. Le programme, mettait en écho la musique française, la musique allemande de la fin du XIXème et du début du XXème siècle avec des intermèdes au piano seul intégrant des pièces de Frédéric Chopin, Frantz Liszt ou Franz Schubert.

Parmi les belles pièces de ce concert, j'ai particulièrement été touché par leur version de 4 lieder de Richard Strauss dont le magnifique Morgen. La complicité évidente entre les deux interprètes a conféré une réelle magie à cette soirée qui a très vite conquis le public. 

Le second concert associait Racha Arodaky interprétant des sonates de Domenico Scarlatti avec le chanteur de Flamenco Paco El Lobo. Le programme était de la même facture que celui qu'ils avaient donné au théâtre de Vélizy (cf. note du 2 juin 2012). Intensité du chant et couleurs, luminosité du jeu de Racha Arodaky pour nous plonger dans le mystère de la rencontre inédite de l'éclat des notes napolitaines avec la noirceur du chant andalou. Par rapport au concert de Vélizy, les deux artistes ont pris le parti d'imbriquer encore plus les deux univers, provoquant une émotion encore plus vive.

Le milieu de semaine, a été ponctué par deux concerts : un concert jeunes solistes à l'église où la pianiste Louise Cournarie, qui termine son cycle supérieur à la Royal Academy of Music de Londres, a interprété un concert Haendel, Bach et Schubert. Elle a notamment déployé une très belle et sensible version des six moments musicaux D 780 de Franz Schubert (on peut visionner un de ses enregistrements sur youtube, lors d'un concert donné le 5 décembre 2014 à St James Picadilly).

La soirée du mercredi 30 juillet, devenue dîner concert depuis l'édition 2014, a fait honneur à un iconoclaste qui a souvent décliné avec brio des grands airs du classique avec des paroles hilarantes et sous le signe de l'absurde. La musique classique revisité par Francis Blanche était donc le thème principal de cette soirée avec l'interprétation truculente et très second degré du baryton-basse Jean-François Vinciguerra, accompagné au piano par Isabelle Fleur. Ce spectacle avait été créé par Jean-François Vinciguerra il y a quelques années au Théâtre de la Potinière à Paris où il avait connu un franc succès.

Les deux jours qui ont suivi ont permis d'écouter d'une part deux superbes quatuors pour piano (celui de Robert Schumann opus 41 en mi bémol majeur et le N°1 en sol mineur opus 25 de Johannes Brahms) interprétés par le Quatuor Giardini à l'église Saint-Bravy, et d'autre part le talentueux guitariste Emmanuel Rossfelder, grand habitué du Festival et qui a retrouvé, avec un bonheur partagé, son public sur un programme où il a pu une fois de plus, révéler sa musicalité et une belle virtuosité.

Le programme détaillé peut être consulté via ce lien et la présentation plus détaillée du Festival et de ses éditions précédentes sur le site musicalesdepionsat.com. 

Festival international de piano à la cour : du très haut de gamme

Le Festival de piano à la cour, produit dans le superbe cadre du château de Solliès-Pont, propose cette année un programme de récitals de piano d'un niveau exceptionnel : 

Jeudi 20 août : Marylin Frascone, avec un programme Liszt, Rachmaninov, Ravel et Grieg.

Vendredi 21 août : Oleg Poliansky, avec un programme Schubert, Debussy, Prokofiev.

 

Samedi 22 août : Vittorio Forte, interprétant Couperin, Chopin, Schubert, Liszt, Rachmaninov, Wild, Strauss et Godowsky.

Dimanche 23 août : concert jeune prodige avec Louise Cournarie interprétant Bach, Mozart, Handel et Schubert.

Ce festival, doté d'une nouvelle direction artistique, reprise par Frédéric Bernard, avec le soutien de la Ville de Solliès-Pont, affirme sa volonté de proposer des interprètes d'exception. A ne manquer sous aucun prétexte !

Plus de détails (notamment le programme détaillé de chaque pianiste) sur le site de la ville de Solliès-Pont.

Réservations possibles auprès de l'Office de Tourisme au 04 94 28 92 35 ou via [email protected].

France Musique : la peau de chagrin

Les dirigeants de Radio France et de France Musique semblent avoir les yeux rivés sur l'audience de... Radio Classique. La conséquence, une simplification de la grille dans l'optique d'être "plus grand public". Ce n'est pas cela le plus inquiétant mais, semble-t-il, la réduction de près de 50% des budgets consacrés à la captation des concerts avec la concentration de l'enregistrement dans des salles ayant leur propre régie.

Lien vers l'article de Telerama.

Les Vêpres de Monteverdi à Versailles par JE Gardiner

Il est possible de visionner et écouter avec une qualité sonore très correcte sur Culturebox une très belle version des "Vespro della Beata Vergine" de Claudio Monteverdi, interprétée sous la Direction de John Eliot Gardiner, avec l'ensemble The English Baroque Soloist et, surtout, le magnifique Monteverdi Choir qui continue à s'imposer comme l'une des meilleures formations chorales au monde sur le répertoire de la musique ancienne et baroque.

L'acoustique exceptionnelle de la Chapelle royale de Versailles constitue un écrin idéal pour ce chef d'œuvre. John Eliot Gardiner a décidé, de façon très pertinente, d'exploiter les différents niveaux que fournit ce lieu pour proposer une "mise en scène" particulièrement réussie.

Vous pourrez constater à quel point le Monteverdi Choir sert cette œuvre avec une élégance, une élévation uniques. La beauté et les audaces de l'écriture du maître de Mantoue sont ainsi magnifiquement révélées. La théâtralité inévitablement associée à ces Vêpres, est également complètement préservée.

Richter aurait eu cent ans aujourd'hui

Né en 1915, Sviatoslav Richter aurait cent ans aujourd'hui. Je vous propose de l'écouter en compagnie de Carlos Kleiber, à la tête du Bayerisches Staatsorchester München, interpréter le concerto pour piano en sol mineur opus 33 d'Anton Dvořák.

Qui sera le futur chef ?

Le petit monde de la musique classique est en ébullition avec toutes les conjectures possibles sur le nom du futur chef de... L'Orchestre Philharmonique de Berlin.

Pour une fois, je vais déroger à la règle du blog qui consiste à ne parler que de sujets que j'aime dans une logique de partage (vs ce que je n'aimerais pas dans une logique de démolition / défoulement, comme cela peut être le cas dans le monde du blogging) pour évoquer l'énigme Simon Rattle.

Etant notamment abonné au Digital Concert Hall du Philharmonique de Berlin, je n'ai pu que constater mon évitement systématique de tous les concerts dirigés par le chef anglais. Cela limite particulièrement les choix j'en conviens. Force est de constater, et ceci bien entendu n'engage que moi, que Simon Rattle a réussi l'exploit, durant les seize années de son "mandat", (belle longévité), à faire perdre à cette phalange prestigieuse son identité, cette pâte sonore qui lui était si singulière, initiée par Celibidache,  Furtwängler, Karajan et si admirablement préservée par Abbado... Avec Simon Rattle, on est dans l'incarnation même de cette mondialisation galopante, de la direction d'orchestre sans aspérité, passe partout, complaisante. La transparence, légèreté de la ligne, cette ductilité si caractéristique du Philharmonique de Berlin a indéniablement disparu. Cet orchestre aurait-il perdu son âme ?

Selon un véritable système démocratique, ce sont les 124 musiciens de l'orchestre qui voteront le 11 mai prochain pour décider qui prendra la relève de Simon Rattle. Lourde charge et position si prestigieuse. Espérons que le remplaçant tentera de retrouver un supplément d'âme. Vue l'uniformisation indéniable de l'identité sonore des grandes phalanges européennes depuis plusieurs décennies, notamment les grands orchestres allemands, j'en doute fort. Après Rattle pour Berlin, Guerguiev qui "sévit" souvent pour le Philharmonique de Vienne, un Chailly visiblement en panne chronique d'inspiration pour le Gewandhaus de Leipzig et l'improbable Järvi pour l'Orchestre de Paris, les mauvaises langues pourraient dire que l'on ne pourrait pas dresser pire tableau...

Plus de détails sur le site de France Musique et le site des missions allemandes en France.

Un palmarès rassurant ?

L’Union de la Presse musicale belge récompense chaque année des CD ou DVD musicaux dans le cadre du "Prix Caecilia". Le palmarès a été dévoilé hier soir à la Monnaie.

Il est récapitulé dans l'article de l'Echo paru aujourd'hui.

Le premier prix est un des plus beaux coups de coeur du poisson rêveur pour 2014 : "William Byrd, "Mess for Five Voices" sous la direction de Philippe Herreweghe à la tête du Collegium Vocale Gent (label Phi) (cf. post du 17 décembre 2014).

La liste est plutôt rassurante dans un contexte de pleine crise du CD, avec une richesse qui reste synonyme de qualité.

Une belle note d'espoir sur le devenir de la production discographique liée à la musique classique et ancienne.

Plus d'informations concernant la longue liste des candidats au prix sur le site de la rtbf et la couverture radio de ce palmarès (émission de Pascal Goffaux).

Les impacts redoutables du MP3

Un article du Monde daté du... 12 septembre 2008, signé par Gilles Tordjman, mettait en évidence, selon certaines études, les méfaits du MP3. Cet article a été ressorti des "oubliettes" par Qobuz... Tiens, tiens...

En tout cas, si cela est avéré, c'est particulièrement inquiétant. Revenons vite à nos chers vieux CDs... ou au téléchargement haute-fidélité (suivez mon regard) ?

Je vous propose de visionner ce reportage de France 3 sur les impacts de la compression MP3 sur l'absence de dynamique et l'audition.

En souvenir de Cabu

En souvenir de Cabu, grand amateur de Jazz, avec sa bouille d'éternel étudiant et ses dessins d'une drôlerie implacable, le dessin tellement bien vu qu'il avait réalisé d'Oscar Peterson. Quel choc, quelle tristesse, quelle abomination que ses derniers jours.

Quelques idées pour le Noël des mélomanes

La période est propice à toutes sortes de compilations plus ou moins dignes d'intérêt.

Au fil de mes lectures des pages dédiées et de mes passages dans les rayons déjà largement achalendés, sans oublier les suggestions des sites e-commerce comme Amazon, je vous propose les idées suivantes de cadeaux en distinguant, ceux ou celles que vous désirez combler de ceux ou celles avec lesquels vous voulez rompre définitvement toute relation, sauf si les personnes en question cultivent un art consommé du second, voire troisième degré.

Les cadeaux à écouter

En premier lieu, en hommage à la grande organiste Marie-Claire Alain, Erato (Warner Classics) a édité début octobre un coffret de 22 CDs dont on peut retrouve le détail sur le site de Warner Classics (49 € sur Amazon).

Vous pouvez également offrir l'intégrale des enregistrements des concertos pour piano par Wilhelm Backhaus (DECCA - j'ai mis l'URL d'Amazon puisque le coffret est introuvable sur le site d'Universal...) avec l'intégrale des concertos de L van Beethoven, les 2 concertos de Brahms, le concerto de R Schumann et le 27ème de WA Mozart. En tout cas, très égoistement, je me le suis offert vue mon admiration inconditionnelle pour ce grand artiste.

Plus lourd à "digérer" et également pour ceux ou celles qui s'intéressent à des oeuvres peu enregistrées, Deutsche Harmonia Mundi a édité un coffret de 50 CD avec quelques éditions intéressantes. Détails sur le site du label.

Vous pouvez également succomber à la "Callasmania" ambiante avec le coffret imposant de 70 CD édité par Parlophone Records.

Pour ma part, je préférai la compilation Leonard Bernstein Edition, concertos and orchestral works, paru chez Sony Classical.

Sinon, une très belle idée serait également d'offrir une carte cadeau de 3, 6 ou 12 mois pour découvrir Medici.tv.

 

 

 

 

 

Les cadeaux à lire

Les éditions Actes Sud proposent deux parutions récentes : La ParoleMusicale (Actes Sud - Beaux Arts) où Bertrand Dermoncourt recueille les propos de Nikolaus Harnoncourt sur sa vision du répertoire romantique. Une biographie de Francesco Cavalli (Olivier Lexa - Laure-Hélène Dufournier - Actes Sud / Classica) qui serait enfin la première biographie complète de ce compositeur dont on redécouvre depuis peu l'oeuvre lyrique.

Enfin, John Eliot Gardiner nous propose sa vision de l'oeuvre et de la personnalité de Jean-Sébastien Bach dans un livre intitulé Musique au château du ciel (Editions Flammarion).

Je vous propose de formuler votre propres suggestions pour enrichir cette liste !

Concerts du Carnegie Hall sur Medici.tv

 

Medici.tv et la prestigieuse salle new yorkaise ont signé un partenariat permettant la transmission web live et différée de concerts. Le premier webcast était consacré au récital donné le 4 novembre dernier par la mezzo-soprano américaine Joyce Di Donato, accompagnée au piano par David Zobel. Il est possible de visionner et écouter ce concert sur le site de medici.tv en replay.

Le prochain concert retransmis live est celui que donnera Anne-Sophie Mutter le 18 novembre prochain à 20h, heure new yorkaise (2h du matin pour Paris). Elle interprétera, accompagnée de son ensemble de jeune virtuoses, les Mutter Virtuosi, le programme suivant : le concerto pour 2 violons en ré mineur BWV 1043 de Jean-Sébastien Bach, le concerto pour violon d'André Prévin (première interprétation aux Etats-Unis), les Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi.

Les prochains concerts retransmis par medici.tv depuis le Carnegie Hall sont les suivants : le violoniste Leonidas Kavakos et la pianiste Yuja Wang le 23 novembre, le pianiste Daniil Trifonov le 10 décembre.

Plus de détails sur la page dédiée à cette opération sur le site de medici.tv.

La musique classique : niche... universelle

L'extension de Mezzo en Asie confirme que la "niche" de la musique classique sur les chaînes thématiques s'affranchit des barrières culturelles.

Lien vers l'article de la Croix pour en savoir plus.

Disparition de Christopher Hogwood

Christopher Hogwood fait partie de ces musiciens dont la disparition ne peut que profondément toucher les mélomanes. Il a marqué de son empreinte le travail effectué par de nombreux autres musiciens depuis plus de trente ans, aussi bien sur les répertoires baroques et classiques.

En hommage, le premier mouvement (Moderato) du concerto N° 1 en do majeur Hob.VIIb.1 pour violoncelle et orchestre, interprété par Christophe Coin, accompagné de Christopher Hogwood à la tête de The Academy of Ancient Music (label d'origine : L'Oiseau Lyre) et qui fait partie des disques que je réécoute avec un plaisir toujours intact.

Outhere Rewind : encore de beaux enregistrements abordables

Les cas de collections dites "économiques" dignes d'intérêt sont malheureusement assez rares. La collection "Rewind" d'Outhere Music, que j'avais déjà évoquée, fait partie de cette catégorie.

Pour un prix inférieur à 10 €, on trouve certaines rééditions qui se sont déjà distinguées par le passé.

C'est notamment le cas de l'enregistrement des 40 et 41èmes symphonies de WA Mozart par l'ensemble Anima Eterna, sous la direction de Jos Van Immersel, initialement édité par le label Zig Zag Territoires, et pour lequel j'avais partagé mon coup de coeur dans la note du 22 septembre 2006.

Inexorable déclin de la qualité du sond....

Un excellent documentaire de 22 minutes, produit par Harman International Industry, démontre comment l'industrie musicale, avec la digitalisation et surtout la compression du sond, a conduit à un inévitable apauvrissement de la perception sonore de la musique.

Au fil des années, et dès l'avènement du MP3, l'essor du téléchargement n'étant malheureusement pas accompagnée d'un déploiement assez rapide de la bande passante des réseaux des Fournisseurs d'Accès Internet, l'industrie musicale est entrée dans un cercle vicieux consistant à nous servir des morceaux de musique où toute la richesse sonore, le travail artistique des musiciens cherchant à rendre la richesse de certaines harmonies, des couleurs particulières, se sont trouvés complètement estompés, voire anéantis par les effets destructeurs de la compression.

Le plus grand diffuseur de musique qu'est youtube.com contribue largement à la diffusion de cette soupe où la dynamique des enregistrements initiaux, la largeur du spectre sonore se trouvent érodés sous l'effet de cet écrasement numérique. Ceci, sans parler de la normalisation, de l'aspect clinique, sans aspérité que les enregistrements master eux-mêmes peuvent avoir du fait de l'évolution des composants de la captation et du mixage du son, comme de la formation, de l'expérience sonore elle-même des ingénieurs du son et producteurs.

Le crie d'alarme des professionels interviewés dans ce documentaire est extrêmement important.

Des générations qui n'ont rien connu d'autre que le MP3 ou équivalent sont un peu, en face de la vraie musique, comme des personnes qui avaient des lunettes déformant la réalité et qui la découvre avec toute son harmonie et sa richesse lorsqu'on leur retire les verres qui ont distordu ou simplifié à l'extrême leur vision du monde.

Les mélomanes le savent bien et se rendent compte, dans leur grand désespoir, des écarts abyssaux qu'il y a entre la musique en concert, sur les rares sites proposant la qualité HD 24 bits supérieur au CD 16 bits (comme Qobuz), en CD, chargée en MP3 sur Amazon ou écoutée avec des hauts-parleurs d'ordinateur portable sur youtube...

J'ai encapsulé le reportage, visionnable sur youtube, dans ce post. Comble d'une imparable ironie que d'être quasiment dans l'obligation, pour les producteurs du reportage, de le poster sur le site qui porte une bonne partie du dossier à charge lié au sujet du déclin de la qualité musicale...

Lien vers le site distorsionofsound.com pour en savoir plus.

En hommage à Frans Brüggen

Un des derniers grands chefs, Frans Brüggen, nous a quitté le 13 août. Il y a déjà presque quarante ans (1977), il a enregistré avec Max van Egmond un disque JS Bach, avec la fameuse cantate BWV 82 "Ich habe genug", qui restera certainement un de mes enregistrements de chevet.

-20% sur Celibidache

Même la musique classique se solde. -20% sur une série de disques classiques sur Amazon. Vous avez même une 3ème démarque jusqu'à -40%. Tous les tabous sont levés et il faut "liquider" le stock !

-20% c'est aussi la tendance de vente annuelle pour 2014 de disques de musique classique mais... en volume.

Medici.tv gratuite 24h pour fêter la musique !

La plateforme Medici.tv fête la musique avec audace en permettant d'accéder gratuitement pendant 24h à l'intégralité de son catalogue en ligne à partir du 21 juin à minuit. Près de 1 400 vidéos seront donc visionnables sur tous supports (accès Internet aussi bien depuis des PC, des TV connectées, que depuis des smartphones ou des tablettes).

Parmi les trésors sélectionnés par l'équipe de Medici.tv, on pourra, pa exemple visionner :

• Des archives de concerts donnés par des interprètes légendaires comme Herbert von Karajan, Artur Rubinstein, Leonard Bernstein, Vladimir Horowitz, Mstislav Rostropovitch, Sviatoslav Richter, Evgeny Mravinsky, Carlos Kleiber...

• De productions de grandes salles de concerts et d'opéra (ex : l’Opéra national de Paris,  Covent Garden, Glyndebourne, Teatro alla Scala...).

• Des grands classiques du ballet interprétés par les meilleures compagnies de danse (La Bayadère par le Ballet du Bolchoï, Le Lac des cygnes par le Ballet de l’Opéra de Paris, La Belle au bois dormant par le Royal Ballet de Londres) ainsi que des créations ou recréations de Preljocaj, Bart, Ratmansky…

Le site comprend également une impressionnnante sélection de portraits d’artistes et documentaires, pour la plupart signés par des grands réalisateurs comme Bruno Monsaingeon, Christopher Nupen et Peter Rosen.

Ci-dessous, un petit teaser sur Medici.tv, mis sous tension par le Dies Irae du Requiem de Verdi !

Les 24h de gratuité du site ne suffiraient pas pour visionner la plupart des productions disponibles sur la chaîne, tant la plateforme est riche.

Mettez donc vos réveils à 23h59 le 20 juin !

Un euridice un peu saillant

L'Euridice de Giulio Caccini, enregistré par le Concerto Italiano, sous la Direction de Rinaldo Alessandrini, m'a un peu laissé sur ma faim.

Cet opéra, contemporain des grandes oeuvres lyriques de Monteverdi, n'a pas tout à fait la même facture ni la même ampleur que les créations du maître de Mantoue. Toutefois, il se dégage une réelle poésie, comme une sensation de paradis perdu, une dimension presque pastorale qui en fait une oeuvre attachante.

Cet enregistrement "live" de Rinaldo Alessandrini est d'une tenue tout à fait correcte. Cependant, la sécheresse de la prise de son et la relative rectitude de la direction d'Alessandrini (que l'on retrouve dans certains enregistrements des madrigaux de Monteverdi) nuisent à une sensualité qui aurait pu être mieux révélée. Heureusement, la présence, le superbe phrasé d'un Furio Zanasi, passé maître dans ce répertoire, et le timbre toujours troublant de Sara Mingardo, apportent une belle tenue à l'ensemble, sachant que la qualité des autres interprètes vocaux est plus inégale.

Pour résumer, cette interprétation manque singulièrement de légèreté, avec des lignes insuffisamment aériennes. Si bien que l'on a la désagréable sensation de se faire un peu rappeler à l'ordre.

Plus de détail sur le site du label naïve (sans majuscule comme aiment bien le faire les responsables marketing du label, y compris pour les noms propres, pour faire plus branché).

Euridice - Opéra en un acte de Giulio Caccini - Concerto Italiano - Direction Rinaldo Alessandrini - distribution vocale sur le site du label naïve.

15ème édition des Rencontres Musicales de la Verrerie

La 15ème édition des Rencontres Musicales de la Verrerie s'est ouverte le 15 mars. Ce Festival, créé en 1999, se déroule dans le superbe Château de la Verrerie à Oizon, dans le Cher. Il a toujours fait l'objet d'une belle programmation, avec des artistes renommés comme de jeunes talents. Il s'agit d'un travail exemplaire réalisé par Dorothée Malinge et Béraud de Vogüé avec la volonté de jouer sur la proximité avec les artistes en proposant un cadre intimiste, dans un esprit de convivialité.

Pour l'édition de cette année, après des concerts donnés respectivement par la pianiste lutuanienne Mûza Rubackyté avec un programme consacré notamment à Beeethoven et Liszt et par François Weigel (oeuvres de Liszt, Scarlatti et Rachamaninov), c'est Racha Arodaky qui s'est produite ce samedi 10 mai. Pour sa troisème participation aux Rencontres Musicales de la Verrerie, elle a interprété des pièces de JS Bach, JP Rameau et, pour la première fois sur scène, Jacques Duphly.

Ce dernier, cher au coeur de Racha Arodaky, vient compléter son exploration au piano moderne du répertoire baroque. Né la même année que celle de la mort de Louis XIV (1715) et mort en 1789, Dans le travail qu'effectue Racha Arodaky avec bonheur sur des grands compositeurs pour clavier à la jonction des XVIIème et XVIIIème siècles, Jacques Duphly peut être considéré comme un passeur. Il incarne un style tout à fait français, fait d'élégance, de raffinement, de sensiblité. Elève de François d'Agincourt, il était reconnu à son époque comme un excellent professeur de clavecin (JJ Rousseau fait même l'éloge de sa technique et de ses doigtés dans son dictionnaire de la musique). Il est ensuite totalement passé à l'oubli. Seuls les clavecinistes ont réalisé, comme l'immense Scott Ross, un travail de réhabilitation tout à fait légitime des oeuvres de ce compositeur.

Racha Arodaky interprétait hier pour la première fois en concert huit pièces extraites du premier et du troisième livre des pièces pour clavecin. La délicatesse de toucher et la clareté de la ligne de Racha Arodaky mettent en évidence la beauté des harmonies de ces pièces. Jacques Duphly est également un mélodiste, avec des motifs que l'on retient d'emblée si bien que ces pièces sont comme des petites friandises que l'on déguste avec un plaisir sans limite. Moins savantes en apparence que Jean-Philippe Ra meau, son contemporain, ses compositions déploient comme une fausse insouciance. Ce style galant n'est pas pour autant empreint de maniérisme et chaque danse instaure un climat singulier, qui annonce déjà une forme de pré-romantisme.

Les pièces jouées en première partie, extraites du Livre Premier, sont d'une belle légèreté, danses ciselées comme de la dentelle (Allemande en ré mineur, Courant en ré mineur, La Van Loo, Rondeau en ré majeur). Celles interprétées en seconde partie de concert sont plus graves, notamment la Forqueray d'une singulière beauté, avec des accents presque brahmsiens sur les toutes premières mesures (autres pièces interprétées : la Suite N°2 (extrait), une Allemande (1er livre), la Boucon (1er livre)). 

Le public a été conquis par cette lecture sensuelle, délicate et par l'authentique esprit de partage de Racha Arodaky sur ces oeuvres. L'affection indéniable qu'elle porte pour les pièces composées par Jacques Duhply était tout à fait palpable et le public s'est laissé naturellement conquérir en acclamant la pianiste avec une "standing ovation". Racha Arodaky interprétait également des pièces de JS Bach et de JP Rameau (pièces qui seront interprétées dans son future disque consacré à JP Rameau).

Cette 15ème édition des Rencontres Musicales de la Verrerie se prolongera avec le concert de Philippe Cassard, autre habitué du Festival, le 20 septembre et se terminera le 18 octobre par un concert d'un jeune pianiste de double nationalité suisse et italienne, poulain de Philippe Cassard et de Jean-Philippe Collard, Mauro Le Conte.

Réservations au 02.48.81.51.60 ou par e-mail à [email protected].

Le péril de la Petite Bande

Je continue à m'indigner de voir cet ensemble emblématique mourir lentement à cause du désengagement des pouvoirs publics flamands. Cette vidéo très touchante de Sigiswald Kuijken montre à quel point il semble désespéré et impuissant.

Vous pouvez soutenir la Petite Bande.

Belle initiative de Digital Concert en hommage à Claudio Abbado

Le site Digital Concert du Philharmonique de Berlin propose, en hommage à Claudio Abbado, le streaming gratuit de 17 concerts enregistrés avec le maestro.

Il s'agit d'une belle initiative à saluer. Des dizaines d'heures d'écoute du travail magnifique d'un des plus grands chefs de notre temps.

Claudio Abbado nous quitte

L'information a été largement relayée par la presse. La disparition de Claudio Abbado est un fait majeur. C'est certainement sa direction d'orchestre qui aura le plus marqué, façonné mon écoute musicale. Rarement un chef aura autant fait l'unanimité auprès des mélomanes, comme des musiciens.

Je vous propose sa version de la mer de Debussy, qui fait partie des nombreux chocs esthétiques et émotionnels que Claudio Abbado m'a procurés.